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La crise de l'incorporation des ultra-orthodoxes dans l'armée israélienne dépasse les limites du raisonnable, alors que le gouvernement israélien est au bord de l'effondrement

Des juifs ultra-orthodoxes protestent et se heurtent à la police lors d'une manifestation contre l'enrôlement de juifs ultra-orthodoxes dans l'armée israélienne, à Jérusalem, le 5 mai 2025. (Photo : Chaim Goldberg/Flash90)

Le gouvernement n'est pas encore parvenu à un accord sur la loi relative à la conscription, et les discussions entre le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Yuli Edelstein, le secrétaire du Cabinet, Yossi Fuchs, et les représentants haredim n'ont pas abouti à des progrès significatifs. À l'issue de la réunion, les dirigeants haredim ont appelé à la dissolution de la Knesset et à la chute du gouvernement.

D'un point de vue rationnel, il n'y a aucune raison pour que le gouvernement tombe maintenant. Les partis haredim, qui sont des partenaires clés de la coalition, ne sont pas censés le souhaiter. Ce n'est « pas dans leur intérêt ». Une chute du gouvernement à ce stade pourrait leur porter préjudice de deux manières principales : financièrement et publiquement.

Le préjudice financier découle du fait qu'un gouvernement déchu signifie un gel budgétaire et une réduction significative des fonds de « transfert » dont bénéficient les haredim. Le préjudice public réside dans le fait que la tenue d'élections alors que la crise de la conscription fait rage – en temps de guerre qui plus est – ne ferait que mettre en évidence le fossé qui sépare les Haredim de la population, sans offrir aucune solution.

Toutefois, cette issue ne peut être exclue, étant donné que la dynamique actuelle au sein de la communauté Haredi évolue d'une manière qui ne correspond pas au raisonnement politique conventionnel.

Ces derniers mois, un grand nombre de jeunes Haredim ont commencé à se soustraire à la conscription, s'exposant ainsi à des mesures coercitives de la part de l'armée et de l'État. Les dirigeants Haredim n'ont actuellement pas les moyens de les soutenir efficacement, car ils ne disposent ni des outils législatifs ni d'une voie claire pour faire adopter une nouvelle loi sur la conscription. Ces individus ne sont plus seulement des recrues potentielles : ils sont désormais confrontés à des défis juridiques et institutionnels sans orientation ni soutien clairs.

Dans ce vide – sans solution, sans message clair, sans horizon – une décision politique irrationnelle pourrait être prise. Une décision née de la frustration et de l'impuissance, sous la pression de l'opinion publique, voire de la survie politique. Car la population haredi se pose des questions, et si les dirigeants ne fournissent pas de réponses, ils seront en difficulté.

Si l'effondrement du gouvernement est peu probable d'un point de vue logique, numérique ou en termes d'intérêts, les évolutions au sein de la société haredi semblent de plus en plus détachées des calculs politiques traditionnels.

La combinaison de la frustration politique et de la pression publique peut conduire à des décisions qui s'écartent de la logique politique conventionnelle, rendant plus plausibles des issues auparavant improbables.

La stabilité du gouvernement peut être compromise non seulement par des luttes internes au sein de la direction, mais aussi par une escalade des troubles publics qui dépasse la capacité du système à les contenir.

Michael Shemesh est correspondant politique pour KAN 11 news.

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