Les accords d'Abraham sur la route de la soie
L'adhésion remarquable du Kazakhstan aux accords d'Abraham
Dans une décision historique pour la diplomatie centrasiatique, le ministère kazakh des Affaires étrangères a officiellement confirmé l'adhésion du pays aux accords d'Abraham. Cette décision stratégique, finalisée à l'issue de discussions de haut niveau entre le président américain Donald Trump et le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev, marque un nouveau chapitre important dans la politique étrangère multivectorielle du Kazakhstan. Cependant, pour les historiens et ceux qui connaissent bien les steppes d'Asie centrale, il ne s'agit pas d'une nouvelle relation qui naît, mais d'une relation ancienne qui est officiellement reconnue et renforcée pour l'ère moderne. Le chemin vers cet accord n'a pas été tracé en 2025, mais il y a plus de mille ans, le long des pistes poussiéreuses de la route de la soie.
Les fondements anciens : les marchands juifs sur la route de la soie
Bien avant l'existence des frontières modernes, le territoire du Kazakhstan était un carrefour de civilisations, et les commerçants juifs figuraient parmi ses architectes les plus importants. Du VIIIe au XIe siècle environ, les légendaires marchands radhanites exploitaient un vaste réseau reliant l'Europe à la Chine et à l'Inde. Ces entrepreneurs multilingues transportaient des marchandises et des idées, contournant les empires rivaux en empruntant les routes nordiques qui traversaient le khaganat des Khazars et les steppes kazakhes.
Cette histoire est étroitement liée à la légende captivante des Juifs perdus de Khazaria. La conversion de l'élite du khaganat des Khazars au judaïsme, bien que controversée par les érudits, est devenue un élément important du folklore juif. Pendant des siècles, les communautés juives d'Asie centrale ont fait remonter leur lignée à ce royaume perdu, créant ainsi un mythe fondateur qui a donné une profonde résonance historique à la présence juive dans la région.
Les différentes couches d'une communauté : des Juifs de Boukhara aux Juifs ashkénazes
La communauté juive du Kazakhstan est une riche tapisserie tissée à partir de fils historiques distincts :
Les Juifs de Boukhara : principale communauté juive de la région, ils sont souvent appelés « séfarades » en raison de leurs rites liturgiques, bien que leurs racines soient anciennes et perses. Leurs centres culturels, comme Boukhara, étaient des pôles commerciaux et universitaires, dont l'influence s'étendait jusqu'au sud du Kazakhstan. L'arrivée de certains Juifs séfarades expulsés d'Espagne en 1492 a encore enrichi leur culture unique.
Les Juifs ashkénazes : un changement démographique majeur s'est produit avec l'expansion de l'Empire russe et l'ère soviétique. Les Juifs ashkénazes sont arrivés en tant qu'ingénieurs, médecins et soldats. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Kazakhstan est devenu un refuge pour des centaines de milliers de Juifs évacués de l'ouest de l'URSS ravagé par la guerre, puis une destination du goulag pour de nombreux dissidents.
Le pont moderne : l'aliyah et son influence
L'effondrement de l'Union soviétique en 1991 a déclenché une aliyah massive vers Israël. Plus de 80 % de la communauté juive du Kazakhstan, une population hautement éduquée et qualifiée, a saisi l'occasion d'émigrer, renforçant ainsi l'État israélien grâce à son expertise. Cette migration a également créé un puissant pont humain, avec des personnalités influentes d'origine juive kazakhe, comme le milliardaire philanthrope Alexander Mashkevich, qui jouent un rôle de premier plan sur la scène mondiale.
Pourquoi les accords sont-ils un coup de maître stratégique pour le Kazakhstan ?
L'adhésion du Kazakhstan aux accords d'Abraham est une évolution logique et stratégique de sa politique étrangère, qui offre d'immenses avantages :
Transformation économique et technologique : l'ambition du Kazakhstan de dépasser le stade d'une économie basée sur les ressources s'aligne parfaitement avec le statut d'Israël en tant que « nation start-up ». L'adhésion aux accords permettra d'accélérer l'accès aux innovations israéliennes de pointe dans les domaines de l'agrotechnologie, du dessalement de l'eau, de la cybersécurité et de la médecine, soutenant directement les objectifs de diversification économique du Kazakhstan.
Consolidation du leadership régional : en adhérant aux accords, le Kazakhstan renforce son rôle de force modératrice et de champion du dialogue interconfessionnel dans le monde musulman. Cette initiative s'inscrit parfaitement dans sa politique nationale d'harmonie ethnique et religieuse et renforce sa position internationale en tant que bâtisseur de ponts.
Intégration renforcée en matière de sécurité : les accords fournissent un cadre pour la coopération en matière de sécurité entre les États membres. Pour le Kazakhstan, le partenariat direct avec Israël et d'autres nations alignées sur les États-Unis au sein de cette structure offre un avantage significatif pour assurer la stabilité régionale et lutter contre l'extrémisme.
En conclusion, la décision du Kazakhstan de rejoindre les accords d'Abraham est bien plus qu'une formalité diplomatique. Il s'agit de l'activation d'un partenariat latent, d'un retour à son identité historique de carrefour mondial. En adoptant officiellement ce nouveau paradigme, le Kazakhstan ne tourne pas une nouvelle page, mais écrit plutôt le prochain chapitre prospère d'une histoire qui a commencé il y a un millénaire, lorsque des marchands juifs transportaient de la soie et des épices à travers la vaste steppe ouverte.
Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.