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Le projet idéologique de Khomeini pour la théocratie iranienne

Ruhollah Khomeini dans les années 1980 (Photo : Domaine public)

La République islamique d'Iran n'est pas seulement un État-nation, c'est aussi une expérience théocratique fondée sur l'idéologie révolutionnaire de l'ayatollah Rouhollah Khomeini. Au cœur de cette idéologie se trouve le Wilayat al-Faqih (la tutelle du juriste), une doctrine qui a transformé la théologie politique chiite et justifié l'absolutisme clérical. Les écrits de Khomeini sur ce concept, en particulier dans ses conférences de 1970 compilées sous le titre Islamic Government, révèlent une vision où les juristes exercent une autorité divine, où la dissidence devient une hérésie et où la politique apocalyptique façonne la confrontation de l'Iran avec le monde.

Pour Israël et l'Occident, comprendre le Wilayat al-Faqih n'est pas académique, c'est stratégique. Cette idéologie alimente le soutien de l'Iran à des mandataires comme le Hezbollah, ses ambitions nucléaires et son hostilité existentielle à l'égard de l'État juif. Alors que les tensions s'intensifient, les mots de Khomeini restent un manifeste pour le régime iranien, qui considère ses actions comme des devoirs sacrés dans le cadre d'une lutte cosmique.

D'une doctrine obscure à une idéologie révolutionnaire

Avant Khomeini, Wilayat al-Faqih était un concept juridique de niche dans l'islam chiite, limité à la tutelle des orphelins, des malades mentaux et des dotations religieuses. La plupart des religieux chiites adhéraient au quiétisme, croyant que le pouvoir politique devait attendre le retour du douzième imam, le Mahdi. Khomeini a brisé cette tradition en affirmant qu'en l'absence de l'imam, les juristes de haut rang devaient gouverner, non seulement en tant qu'administrateurs, mais aussi en tant qu'adjoints divins dotés de la « même autorité que le prophète et les imams ».

Ses conférences de 1970, prononcées en exil à Najaf, en Irak, ont redéfini la doctrine :

  • L'autorité absolue : Le faqih (juriste) peut suspendre les rituels islamiques tels que la prière ou le Hajj s'il le juge nécessaire pour la survie de l'État - un pouvoir que Khomeini exercera plus tard pendant la guerre Iran-Irak.

  • Infaillibilité par procuration : Alors que l'islam chiite réserve l'infaillibilité(ismah) aux douze imams, Khomeini laisse entendre que les décisions du guide suprême sont divinement guidées et que s'y opposer équivaut à l'apostasie.

  • L'exportation de la révolution : Khomeini considérait la révolution iranienne de 1979 comme la première étape vers un ordre islamique mondial, déclarant : « Nous confronterons le monde à notre idéologie ».

Ces idées étaient radicales, même parmi les religieux. Le grand ayatollah Abol-Qasem al-Khoei, éminent érudit de Nadjaf, a rejeté le Wilayat al-Faqih comme étant blasphématoire. Pourtant, l'attrait populiste de Khomeini, qui présentait le Shah comme une marionnette de l'Occident et les religieux comme les champions des opprimés, a catapulté sa vision dans la constitution iranienne.

La théocratie comme guerre apocalyptique

Les écrits de Khomeini révèlent une connotation messianique : l'État islamique doit activement ouvrir la voie au retour du Mahdi. Cette théologie façonne la politique étrangère de l'Iran :

  • Israël comme ennemi eschatologique : dans l'eschatologie chiite, la libération de Jérusalem précède l'avènement du Mahdi. Khomeini a qualifié le sionisme de « force corruptrice », rendant la rhétorique anti-israélienne non seulement politique mais aussi sacrée. Son successeur, Ali Khamenei, a qualifié à plusieurs reprises Israël de « tumeur cancéreuse » vouée à l'anéantissement.

  • Le martyre comme violence sacrée : Khomeini a politisé les rituels de deuil chiites, transformant des personnalités comme Qassem Soleimani en « saints » de l'armée du Mahdi. Mourir pour le régime est devenu un chemin vers le paradis.

  • Le chaos comme catalyseur divin : Certains partisans de la ligne dure pensent que les crises - comme la guerre ou l'effondrement économique - accélèrent le retour du Mahdi. Cela peut expliquer la tolérance de l'Iran à l'égard des sanctions et de ses guerres par procuration déstabilisantes.

En fait, la République islamique ne se contente pas de supporter les crises, elle en a besoin.

L'héritage : Un régime qui ne peut pas se réformer

L'idéologie de Khomeini ne laisse aucune place au pluralisme. Les amendements constitutionnels de 1989 ont cimenté le Velayat-e Faqih absolu, accordant au Guide suprême le contrôle de l'armée, du système judiciaire et des médias. Même les Présidents « réformateurs » comme Khatami n'ont pas pu remettre en cause cette structure - Khomeini avait prévenu que la démocratie sans contrôle clérical était un « poison occidental ».

Aujourd'hui, Khamenei règne en héritier de Khomeini, imposant l'orthodoxie par l'intermédiaire des gardiens de la révolution et de la milice des bassidjis. Les dissidents - des manifestants de 2022 aux religieux réformateurs - sont considérés comme des ennemis de Dieu.

Pour Israël, il ne s'agit pas d'un régime avec lequel on peut négocier de façon pragmatique. Ses dirigeants se considèrent comme les acteurs d'un drame divin où le compromis est une hérésie. Comme l'a écrit Khomeini : « Le Coran et l'épée doivent être maniés ensemble ».

Conclusion : La menace idéologique

Les décideurs politiques occidentaux se trompent souvent en considérant l'Iran comme un acteur rationnel mû par la realpolitik. Mais les écrits de Khomeini nous rappellent que les actions du régime - de la stratégie nucléaire à l'armement du Hamas - sont enracinées dans une théologie de la confrontation.

Pour Israël, le défi est existentiel. Un État qui croit que le chaos apporte la rédemption ne sera pas dissuadé par les seules sanctions. Comprendre la Wilayat al-Faqih est la première étape pour la contrer.

Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.

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