Reconnaissance européenne d'un "État palestinien" - Une trahison fondée sur l'intérêt personnel et les préjugés historiques

Dans une démarche qui sape les fondements mêmes des négociations directes et récompense le terrorisme, plusieurs pays clés d'Europe occidentale s'apprêtent à reconnaître unilatéralement un État palestinien dans le cadre des Nations unies. Cette action, menée par la France, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, et que d'autres pays envisagent de suivre, n'est pas une noble quête de paix. Il s'agit d'une décision calculée, motivée par des intérêts géopolitiques froids, par la pression interne intense exercée par des populations en forte croissance issues de pays à majorité musulmane, et par une continuité profondément troublante avec la longue histoire d'antisémitisme et d'antisionisme de l'Europe. En outre, elle tire parti d'un appareil des Nations unies qui a longtemps été utilisé comme une arme contre le seul État juif au monde.
Pour comprendre cette trahison diplomatique imminente, il faut d'abord dépasser la rhétorique de la « paix » et du « droit international » et examiner le calcul brut de l'intérêt national. Les principales motivations de l'Europe occidentale sont la stabilité, l'économie et la survie politique.
Les dirigeants du continent sont parfaitement conscients que le conflit perpétuel au Moyen-Orient alimente l'instabilité à leur porte. Il sert de puissant outil de recrutement pour les extrémistes et peut déclencher des vagues de migration, une question politiquement toxique au sein de l'UE. En adoptant une position très médiatisée perçue comme pro-palestinienne, ces gouvernements visent à apaiser leurs électeurs en colère, à réduire les pressions migratoires et à se protéger des troubles régionaux. Il s'agit d'un cas classique de sacrifice d'un allié lointain au profit d'une tranquillité intérieure perçue.
Sur le plan économique, la sécurité énergétique de l'Europe et ses relations commerciales avec les États arabes du Golfe et d'autres pays à majorité musulmane sont primordiales. À l'ère de la concurrence mondiale, l'accès au pétrole, au gaz et aux marchés lucratifs est une priorité en matière de sécurité nationale. Soutenir la création d'un État palestinien est un moyen peu coûteux de s'attirer les faveurs de ces partenaires essentiels et de maintenir des liens économiques avec eux. Si la valeur stratégique d'Israël est importante en matière de coopération technologique et sécuritaire, de nombreuses capitales européennes estiment qu'elle est surpassée par la nécessité de garantir des ressources énergétiques et des accords commerciaux de plusieurs milliards de dollars avec le monde arabe.
Cependant, le facteur le plus immédiat est la politique intérieure. Des décennies d'immigration ont fondamentalement modifié le paysage démographique et politique de l'Europe occidentale. Comme le montrent les données de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) français, les immigrants représentent désormais plus de 10 % de la population dans des pays comme la France, une part importante d'entre eux étant originaire de pays à majorité musulmane d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Leurs enfants nés en Europe viennent renforcer un bloc électoral qui a des opinions fortes, souvent passionnées, sur le conflit israélo-palestinien.
Les responsables politiques de capitales telles que Paris, Bruxelles et Berlin ne répondent pas à un « lobby musulman » obscur, mais à une réalité électorale claire et présente. Les manifestations à grande échelle qui ont suivi les événements à Gaza, l'activisme généralisé sur les campus universitaires et le poids politique croissant de ces communautés font de la cause palestinienne un enjeu central. Les dirigeants qui ignorent ce sentiment risquent de perdre des circonscriptions urbaines clés et d'être confrontés à des troubles civils. Par conséquent, la politique étrangère est détournée au profit de l'opportunisme politique national. La volonté démocratique du peuple israélien et son droit à la sécurité sont échangés contre des votes dans les villes européennes.
Cette realpolitik cynique n'est pas un nouveau chapitre de l'histoire européenne ; c'est un chapitre ancien, familier et honteux. La tendance actuelle à reconnaître un État palestinien fait directement écho à la trahison historique de l'Europe à l'égard des aspirations nationales juives. Après la Première Guerre mondiale, le mandat de la Société des Nations confié à la Grande-Bretagne appelait explicitement à la création d'un foyer national juif sur l'ensemble de la Palestine historique. Pourtant, en 1922, la Grande-Bretagne a unilatéralement séparé près de 80 % de ce territoire pour créer l'État arabe de Transjordanie, une décision motivée par l'intérêt impérialiste et le désir d'apaiser ses alliés arabes locaux.
Cette tendance à faire des promesses au peuple juif pour ensuite les rompre lorsqu'elles devenaient gênantes s'est poursuivie. Le Livre blanc de 1939, qui limitait sévèrement l'immigration juive en Palestine alors même que les nazis arrivaient au pouvoir, fut un acte d'apaisement catastrophique qui eut des conséquences dévastatrices. Après la Seconde Guerre mondiale, les puissances européennes, affaiblies et désireuses de maintenir des liens avec le monde arabe riche en pétrole, ont souvent hésité ou se sont carrément opposées à la création d'Israël à l'ONU. Cette réticence historique était teintée des mêmes sous-entendus antisémites qui ont tourmenté l'Europe pendant un millénaire : l'idée que le peuple juif est un problème à gérer, et non une nation ayant le droit à l'autodétermination dans sa patrie ancestrale.
La manifestation moderne de ce préjugé ancien est l'antisionisme, c'est-à-dire la délégitimation du droit d'Israël à exister. En reconnaissant unilatéralement un État palestinien sans exiger des Palestiniens qu'ils mettent fin au terrorisme, qu'ils reconnaissent Israël ou qu'ils négocient une implantation définitive, les nations européennes se livrent à l'acte ultime d'antisionisme. Elles accordent aux Palestiniens la récompense ultime, à savoir la création d'un État, sans leur demander de s'attaquer au cœur du conflit : le rejet d'un État juif, quelles que soient ses frontières. Cela envoie un message clair : le terrorisme et l'intransigeance seront récompensés, tandis que les concessions et les offres de paix d'Israël – de Camp David en 2000 au retrait de Gaza en 2005 – se heurtent à de nouvelles exigences.
Cette position européenne est rendue possible et amplifiée par les Nations unies, une organisation qui sert depuis longtemps de plateforme à l'antisémitisme institutionnalisé. L'obsession de l'ONU pour Israël, comme en témoigne le nombre disproportionné de résolutions le condamnant à l'Assemblée générale et au Conseil des droits de l'homme, est scandaleuse. Elle accorde une légitimité au discours selon lequel Israël est le seul responsable, blanchissant les crimes du Hamas, une organisation terroriste génocidaire vouée à sa destruction. En poussant à la reconnaissance par l'Assemblée générale des Nations unies, les nations européennes approuvent consciemment ce système corrompu et partial. Elles valident un forum où Israël est régulièrement pris pour cible et diabolisé, d'une manière qui correspond à la définition de l'antisémitisme donnée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA).
La conclusion est inéluctable et alarmante. La décision des pays d'Europe occidentale de reconnaître un État palestinien est un échec à plusieurs égards. C'est un échec du courage de soutenir un allié démocratique contre le terrorisme. C'est un échec des principes, qui subordonne les exigences d'une paix véritable à des gains à court terme. C'est un échec de la mémoire, qui ignore les leçons de l'histoire qui ont montré que l'apaisement de l'agression ne fait qu'inviter à davantage de violence.
Plus profondément encore, c'est un échec moral. Cela démontre que pour certains en Europe, le virus séculaire de l'antisémitisme a simplement muté. Il a changé son vocabulaire, passant du fanatisme religieux à la théorie raciale, puis, aujourd'hui, au langage politique de l'antisionisme. Mais son essence reste la même : le déni singulier du droit du peuple juif à la souveraineté et à l'autodéfense. En récompensant le refus palestinien et en sapant la nécessité de négociations directes, ces pays européens ne font pas avancer la paix. Ils perpétuent le conflit et s'alignent sur les courants les plus sombres de leur propre histoire. Le message adressé à Israël est clair : vous êtes seuls. Le message adressé aux Palestiniens est encore plus destructeur : vous n'avez pas besoin de faire la paix, car le monde vous donnera ce que vous ne voulez pas gagner à la table des négociations.

Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.