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L'antisémitisme sous le couvert de la vertu

(Photo: Shutterstock)

L'hostilité publique envers les Juifs a tendance à se développer là où les identités sont fabriquées et les peurs gérées. Le décor change, passant de la rue au campus puis au studio, mais le mécanisme reste le même. D'un côté, on parle de pureté et de perte, de l'autre, de salut et de griefs. Les deux s'appuient sur la préférence pour le groupe d'appartenance, la dynamique du bouc émissaire et le besoin d'histoires qui semblent miraculeusement ordonnées dans un monde qui est tout sauf cela.

L'identité se durcit généralement en premier. À l'extrême droite, le « nous » repose sur l'ascendance et le sol. Le Juif apparaît comme un étranger hypercompétent dont les réalisations ne sont pas considérées comme le fruit de son travail, mais comme un vol. À l'extrême gauche, le « nous » s'inscrit dans un atlas moral des opprimés et des oppresseurs. Le Juif est transformé en symbole de structure et de pouvoir, détaché de toute biographie ou circonstance. Quelques images sont traitées comme une loi de la nature ; le particulier est puni pour avoir osé être particulier.

Les incitations au statut maintiennent alors l'emblème brillant. Les mouvements fonctionnent grâce à leur réputation. L'honneur revient à ceux qui se montrent intransigeants sur les frontières à droite et impitoyables en matière de justice à gauche. La prudence est interprétée comme une faiblesse, la fièvre comme une preuve de vertu. Les plateformes transforment ces concours en performances. Les icônes d'applaudissements remplacent les arguments, et l'appartenance se traduit par l'approbation visible de son propre chœur.

Le langage transmet le signal à travers les institutions. À droite, les discours sur la contamination et la décadence se présentent comme un diagnostic. À gauche, le jargon des systèmes et de la complicité se présente comme une analyse. Dans les deux idiomes, la personne cède la place au symbole. Une fois le symbole en place, la souffrance d'un petit groupe peut être présentée comme regrettable mais nécessaire. Une posture de désintérêt côtoie une fixation indéniable.

Les incitations institutionnelles transforment la posture en habitude. Les universités, les organismes culturels, les ONG et les écosystèmes médiatiques cultivent le prestige de la vertu publique. Ils convertissent l'universalisme sélectif en discours politique et récompensent les contes moraux austères plutôt que les réalités mixtes. Les rituels de protestation fournissent la chorégraphie, les plateformes fournissent la portée, et les bureaux politiques comptent les donateurs et les votes, tandis que le coût du maintien de l'ordre à la périphérie semble élevé. Des déclarations sont rédigées, des procédures ouvertes, des conclusions reportées. La prudence ordinaire, multipliée dans les bureaux, devient une structure de permission silencieuse.

L'acceptation d'idées déshumanisantes suit des chemins psychologiques familiers. L'instinct de coalition recherche un autre pur. L'incertitude pousse à rechercher des causes simples. Les esprits détectent de manière excessive l'action et attribuent des intentions à une minorité visible. La signalisation du statut transforme l'hostilité en un badge d'appartenance, la colère publique fonctionnant comme une armure de réputation. Sous l'effet du stress, le déplacement transfère des angoisses vagues vers un groupe identifiable. L'infrahumanisation et la vision mécaniste réduisent un voisin à un rôle ou à une menace, supprimant les indices qui déclenchent normalement l'empathie. Les schémas mémoriels façonnés par l'antijudaïsme chrétien et reformulés dans un langage séculier fournissent des modèles qui semblent sûrs à réutiliser. Les plateformes amplifient l'imitation, les foules affaiblissent les inhibitions, et la soif d'un monde juste rebaptise discrètement la cruauté en équité.

La dynamique des foules agit comme un accélérateur. Les marches, les campements et les séminaires standardisent l'humeur et réduisent la marge de doute admissible. Les slogans compressent la pensée en rythme, l'adrénaline aiguise la certitude et les leaders sélectionnent des images qui confirment la vertu. Les adeptes empruntent leur raison d'être au groupe, et le besoin d'appartenance fait le reste.

La sphère privée en enregistre le coût. Les parents évaluent les écoles en fonction du personnel qui agit plutôt que de se contenter d'afficher son inquiétude. Les étudiants parcourent les programmes à la recherche de cours qui les traitent comme des citoyens plutôt que comme des objets d'exposition. Les congrégations renforcent la sécurité tout en essayant de ne pas céder à la pensée de siège. Les lieux de travail importent des lexiques militants qui transforment le désaccord en contagion. Le comportement électoral acquiert une dimension supplémentaire : les impôts et les hôpitaux restent importants, mais la confiance se déplace vers des candidats pour qui l'égalité des règles est un réflexe plutôt qu'une rare réussite.

Les compromis politiques proposés par les extrêmes présentent une ressemblance familiale. La droite offre une acceptation conditionnelle aux minorités « modèles », à condition que les leçons de l'histoire juive soient laissées à la porte. La gauche offre l'inclusion dans une grande cause, à condition que les formes ordinaires d'identité juive soient renoncées et que l'autodéfense juive soit traitée comme particulièrement suspecte. De loin, ces offres peuvent sembler généreuses. De près, les conditions semblent punitives. L'identité est réduite pour s'adapter à l'époque, et les Juifs sont exhortés à amputer tout ce qui refuse de se conformer à la dernière théorie de la vertu.

Ab Boskany is Australian poet and writer from a Kurdish Jewish background born in Kurdistan (northern Iraq). His work explores exile, memory, and identity, weaving Jewish and Kurdish histories into fiction, poetry, and essays.

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