Quand l’ambassadeur américain ose dire à la France ses vérités sur l’antisémitisme

Il est rare qu’un ambassadeur en fonction s’adresse publiquement, et de manière aussi directe, au président du pays qui l’accueille. C’est pourtant ce qu’a fait Charles Kushner, ambassadeur des États-Unis en France, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron.
À l’occasion du 81ᵉ anniversaire de la Libération de Paris, il a dénoncé avec force le manque d’action du gouvernement français face à la flambée d’antisémitisme depuis le 7 octobre 2023. Ses mots sont sans détour : la France laisse ses Juifs seuls face aux violences et aux menaces.
Le gouvernement français, embarrassé, a choisi de réprimander l’ambassadeur. Mais ses propos résonnent puissamment auprès de nombreux Juifs de France, qui constatent au quotidien cette montée de la haine et l’inaction des autorités.
Voici la traduction intégrale de cette lettre historique :
« Cher Président Macron,
À l’occasion du 81ᵉ anniversaire de la Libération de Paris par les Alliés, qui mit fin à la déportation des Juifs depuis le sol français, je vous écris avec une profonde inquiétude face à la montée dramatique de l’antisémitisme en France et à l’insuffisance de l’action de votre gouvernement pour y faire face.
L’antisémitisme a longtemps marqué la vie française, mais il a explosé depuis l’assaut barbare du Hamas le 7 octobre 2023. Depuis lors, des extrémistes pro-Hamas et des activistes radicaux mènent une campagne d’intimidation et de violence à travers l’Europe. En France, pas un jour ne passe sans que des Juifs soient agressés dans la rue, que des synagogues ou des écoles soient profanées, ou que des commerces juifs soient vandalisés. Votre propre ministère de l’Intérieur a signalé des incidents antisémites jusque dans des jardins d’enfants.
Les déclarations publiques harcelant Israël et les gestes en direction d’une reconnaissance d’un État palestinien encouragent les extrémistes, alimentent la violence et mettent en danger la vie juive en France. Dans le monde d’aujourd’hui, l’antisionisme est de l’antisémitisme, tout simplement.
Le président Trump et moi avons des enfants juifs et partageons des petits-enfants juifs. Je sais ce qu’il ressent à l’égard de l’antisémitisme, comme tous les Américains. Il a chargé le ministère de l’Éducation de faire respecter les droits civiques des étudiants juifs sur les campus universitaires, affirmant clairement que le harcèlement et la discrimination ne seraient pas tolérés. Il a renforcé les ressources du FBI et du Département de la Sécurité intérieure pour protéger les synagogues et les écoles juives. Il a imposé des contrôles stricts pour refuser l’entrée aux étrangers prônant la haine antisémite et a révoqué les visas d’agitateurs étrangers. Il a supervisé l’expulsion de sympathisants du Hamas et coupé les financements aux organisations qui promeuvent l’incitation antisémite. Et en paralysant le programme nucléaire de l’Iran, il a frappé directement le premier État sponsor de l’antisémitisme et du terrorisme, sauvant ainsi des millions de vies. Ces mesures prouvent que l’antisémitisme peut être combattu efficacement lorsque les dirigeants en ont la volonté.
Aujourd’hui, beaucoup de Juifs français craignent que l’histoire ne se répète en Europe. Des parents encouragent leurs enfants à émigrer ; des sondages montrent que la plupart des citoyens français estiment qu’un nouvel Holocauste pourrait survenir en Europe. Près de la moitié de la jeunesse française déclare n’avoir jamais entendu parler de la Shoah. Que leur enseigne-t-on donc dans les écoles françaises pour qu’une telle ignorance perdure ?
Monsieur le Président, je vous exhorte à agir de manière décisive : appliquez les lois contre les crimes de haine sans exception ; assurez la sécurité des écoles juives, des synagogues et des commerces ; poursuivez les coupables avec toute la rigueur nécessaire ; et abandonnez les démarches qui confèrent une légitimité au Hamas et à ses alliés.
En tant qu’ambassadeur des États-Unis en France, je suis prêt à travailler avec vous et avec les responsables de la société française pour élaborer un plan sérieux qui s’attaque aux racines de l’antisémitisme et qui le vainque. »

Cette lettre mérite d’être entendue. Elle dit tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas : la France n’agit pas à la hauteur de la menace. Les Juifs y vivent aujourd’hui dans la peur, souvent contraints d’envisager de partir.
Qu’on partage ou non toutes les références politiques de Charles Kushner, son message est clair : l’antisémitisme n’est pas une fatalité. Des choix politiques courageux peuvent changer la donne.
Saluons cette prise de parole rare et courageuse, qui rappelle à la France sa responsabilité historique. Car si les mots « plus jamais ça » doivent avoir un sens, ils exigent des actes - et sans attendre.
Franco-israélienne et mère de famille, elle a fait son Alyah il y a huit ans. Après un parcours dans le secteur de la santé en France, puis comme assistante de direction en Israël, elle travaille aujourd’hui dans le domaine de l’information et de la communication.
Passionnée par la Vérité, elle partage des réflexions à la croisée de l’histoire, de l’actualité et de la foi, depuis la terre d’Israël.