All Israel
opinion

Israël : De Dan à Beersheba

Le mont Hermon vu depuis les hauteurs du Golan (Photo : Wikimedia Commons)

L'expression « de Dan à Beer-Schéba » apparaît à plusieurs reprises dans les Écritures hébraïques, servant d'expression biblique standard pour décrire l'étendue totale du territoire israélite, de son point le plus septentrional à son point le plus méridional. Cette désignation géographique définissait le cœur complet de l'ancienne nation israélite et jouerait plus tard un rôle important dans le tracé des frontières politiques modernes au Moyen-Orient.

Références bibliques

Trois passages bibliques particulièrement significatifs utilisent cette expression. Dans Juges 20:1, les Écritures rapportent : « Alors tout Israël, depuis Dan jusqu'à Beer-Schéba et depuis le pays de Galaad, s'assembla comme un seul homme devant l'Éternel à Mitspa. » Ce verset montre comment cette expression servait à décrire l'assemblée nationale complète des tribus israélites. Dans 1 Samuel 3:20, nous lisons : « Et ALL ISRAEL, depuis Dan jusqu'à Beer-Schéba, reconnut que Samuel était attesté comme prophète de l'Éternel », montrant comment la réputation prophétique de Samuel s'était répandue dans toute la nation. Peut-être plus évocateur encore, 1 Rois 4:25 déclare : « Juda et Israël vivaient en sécurité, depuis Dan jusqu'à Beer-Schéba, chacun sous sa vigne et sous son figuier, pendant tous les jours de Salomon. » Ce passage décrit un état idéal de paix et de prospérité nationales sous le règne de Salomon, l'expression englobant la totalité du royaume. Dans chaque cas, « de Dan à Beer-Schéba » servait à désigner l'ensemble du territoire du peuple israélite, de la ville de Dan, à l'extrême nord, à Beer-Schéba, au sud.

La migration des Danites et la menace philistine

La ville de Dan n'était pas le territoire initialement attribué à la tribu. Selon le Livre de Josué, les Danites se voyaient initialement attribuer une partie de la côte méditerranéenne, adjacente au territoire des Philistins. Cette zone correspond à peu près à la région actuelle de la bande de Gaza. Cependant, comme le rapporte le Livre des Juges 18, la tribu trouva ce territoire impossible à posséder. La cause principale en était le conflit incessant avec les Philistins.

Les Philistins étaient une puissante confédération de guerriers originaires de la région égéenne, souvent identifiés comme faisant partie des « peuples de la mer » qui ont perturbé le monde méditerranéen oriental vers 1200 avant notre ère. Ils ont établi une pentapole de cinq cités-États redoutables le long de la plaine côtière sud : Gaza, Ashkelon, Ashdod, Ekron et Gath. Dotés d'une technologie avancée dans le travail du fer et d'une organisation militaire supérieure, ils représentaient un défi majeur pour les tribus israélites qui tentaient de s'installer dans les zones côtières.

Sous la pression de ce puissant voisin et incapables de sécuriser les terres qui leur avaient été attribuées, les Danites cherchèrent un nouveau territoire. Un groupe d'éclaireurs se rendit au nord et découvrit la ville de Laïsh, décrite comme une implantation paisible et isolée. À la suite de cette reconnaissance, une force de 600 hommes danites et leurs familles migrèrent vers le nord, conquirent Laïsh et la reconstruisirent pour en faire leur nouvelle capitale, qu'ils rebaptisèrent Dan. Cet événement, qui eut lieu pendant la période des Juges, déplaça la frontière nord de l'implantation israélite et consacra l'expression « de Dan à Beersheba » comme description nationale pour les générations à venir.

Le sionisme chrétien et la déclaration Balfour

Des siècles plus tard, cette expression biblique a pris une signification politique profonde à travers le mouvement connu sous le nom de sionisme chrétien. Les premiers sionistes chrétiens, en particulier dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle, avaient une interprétation littérale de la prophétie biblique concernant le retour du peuple juif sur sa terre ancestrale. Pour eux, « de Dan à Beersheba » n'était pas une abstraction historique, mais une carte précise du territoire que Dieu avait promis aux Israélites.

Cette interprétation des Écritures a directement influencé la pensée politique britannique. Les convictions sionistes du Premier Ministre David Lloyd George découlaient d'une convergence entre idéaux religieux et objectifs impérialistes. Élevé dans la tradition de la Welsh Chapel, Lloyd George avait été imprégné de l'histoire du peuple juif. Il considérait la Palestine comme « une terre historique et sacrée, vibrante de traditions immortelles, de Dan à Beer-Sheba ». Cette phrase exacte, citée par Lloyd George lui-même, montre comment la géographie biblique a directement influencé son soutien au sionisme. Le ministre des Affaires étrangères Arthur Balfour, élevé dans la culture évangélique de la lecture de la Bible, partageait ce point de vue. Son intérêt pour le peuple juif a fait de sa conversion au sionisme une progression naturelle. Ces convictions bibliques ont abouti à la déclaration Balfour de novembre 1917, qui engageait la Grande-Bretagne à « établir en Palestine un foyer national pour le peuple juif ».

San Remo et le mandat pour la Palestine

Les principes établis dans la déclaration Balfour ont été repris dans les implantations conclues après la Première Guerre mondiale. Lors de la conférence de San Remo en avril 1920, le Conseil suprême des principales puissances alliées a officialisé la répartition des mandats sur les anciens territoires ottomans. La résolution de San Remo reconnaissait explicitement la déclaration Balfour et désignait la Grande-Bretagne comme mandataire pour la Palestine. Il est important de noter que la définition territoriale initiale de ce mandat incluait les terres du nord qui constituent aujourd'hui le plateau du Golan. La ville de Dan, point de repère de la frontière nord dans l'ancienne expression biblique, se trouvait dans le territoire sous mandat. Cette inclusion reflétait la compréhension historique et biblique qui avait inspiré les promesses politiques initiales.

La convention franco-britannique sur les frontières de décembre 1920 définissait initialement la frontière entre le mandat britannique sur la Palestine et le mandat français sur la Syrie. Cette délimitation technique a eu une conséquence importante : elle a placé une partie du mont Hermon et de la région du Golan dans le territoire du mandat britannique sur la Palestine. Sur le plan juridique et cartographique, le mont Hermon faisait à nouveau partie de la Palestine, ressuscitant l'ancienne frontière biblique pour l'ère moderne.

Les compromis coloniaux et la perte de territoire

Cependant, les frontières définitives n'ont pas été déterminées par les Écritures, mais par la realpolitik impériale. L'accord Paulet-Newcombe de 1923, négocié par le lieutenant-colonel français N. Paulet et le lieutenant-colonel britannique S. F. Newcombe, a modifié la frontière entre le mandat britannique sur la Palestine et le mandat français sur la Syrie. L'accord a laissé l'ensemble du plateau du Golan sous contrôle français tout en garantissant que la mer de Galilée et ses ressources en eau restaient palestiniennes.

Cet ajustement territorial a été fortement influencé par les intérêts plus larges de la Grande-Bretagne et de la France dans la région, en particulier le pétrole. La région de Mossoul, dans ce qui est devenu l'Irak sous contrôle britannique, contenait d'importants gisements de pétrole. En vertu de l'accord Sykes-Picot original de 1916, Mossoul avait été attribuée à la France. La Grande-Bretagne a exigé que la région de Mossoul soit rattachée à la Mésopotamie sous contrôle britannique. La France a accepté de céder Mossoul en échange d'une part des profits pétroliers. L'accord Cadman-Berthelot, signé à San Remo en avril 1920, accordait à la France 25 % des bénéfices du champ pétrolier de Mossoul. En outre, la France obtint le soutien britannique pour la construction d'un oléoduc reliant Mossoul à la Méditerranée en passant par la Syrie, contrôlée par la France. Ces négociations impliquaient également de satisfaire les dirigeants locaux, notamment le sultan al-Atrash, un chef druze dont l'influence dans la région nécessitait une attention diplomatique particulière.

Les Britanniques cédèrent le territoire du Golan afin de maintenir de bonnes relations avec la France et de protéger leurs intérêts stratégiques et économiques plus larges au Levant. Cet acte sépara le nord biblique et historique de « Dan à Beersheba » du territoire désigné pour le foyer national juif. Cet ajustement ne reposait pas sur des considérations historiques, archéologiques ou démographiques, mais était le résultat de compromis coloniaux.

Le mont Hermon et le mandat

Dans le récit biblique, le mont Hermon a toujours servi de frontière majestueuse marquant l'étendue nord des conquêtes d'Israël. Le Deutéronome 3:8-9 rapporte que les Israélites ont pris le territoire « depuis le ravin de l'Arnon jusqu'au mont Hermon », et Josué 13:11 inclut explicitement « tout le mont Hermon » dans l'attribution à la tribu de Manassé à l'est du Jourdain. La convention franco-britannique de 1920 sur les frontières a techniquement placé certaines parties des versants sud et ouest du mont Hermon dans le territoire du mandat britannique. Cependant, les Britanniques, qui se concentraient sur l'administration des zones plus peuplées, n'ont jamais effectivement gouverné la région montagneuse. Les Français ont exercé un contrôle de facto, et les ajustements Paulet-Newcombe qui ont suivi ont officialisé cet arrangement.

Conclusion : la place légitime du Golan

Cette chaîne d'événements historiques soutient la position selon laquelle les hauteurs du Golan, y compris le mont Hermon, font légitimement partie d'Israël. La région a été intentionnellement incluse dans le cadre juridique international initial de la patrie juive dans le cadre du mandat pour la Palestine à San Remo. Son retrait n'était pas fondé sur des liens historiques ou des réalités démographiques, mais résultait d'arrangements coloniaux centrés sur les concessions pétrolières et les négociations diplomatiques franco-britanniques. La ville de Dan, symbole depuis des millénaires de l'extension nordique d'Israël, a été retirée de son territoire national dans le cadre d'un accord politique qui servait les intérêts impérialistes européens plutôt que la justice historique.

La présence d'Israël dans le Golan, assurée après la guerre des Six Jours de 1967, peut être considérée comme une restauration d'une frontière précédemment reconnue par le droit international à San Remo. Les hauteurs stratégiques du Golan et les sources d'eau du mont Hermon sont vitales pour la sécurité d'Israël. Étant donné que le mandat initial incluait ce territoire et que son transfert à la Syrie était une décision administrative sans rapport avec les liens historiques et bibliques profonds de cette terre, il existe des arguments solides pour affirmer que la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan est à la fois légalement fondée sur les documents fondateurs du système étatique du Moyen-Orient et une condition nécessaire à la sécurité de la nation. L'expression « de Dan à Beersheba » devrait à nouveau décrire l'étendue complète de la patrie juive, Dan retrouvant la place qui lui revient au sein du territoire souverain d'Israël.

Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.

All Israel
Recevez les dernières infos et mises à jour
    Latest Stories