De la hudna au sulh - Une paix durable au Moyen-Orient

Le Moyen-Orient est le théâtre de conflits depuis des générations, avec des cessez-le-feu temporaires et des trêves fragiles qui offrent des répit éphémères mais aucune solution durable. Pour parvenir à une paix durable, la région doit dépasser le cycle des hudnas (trêves temporaires) et adopter le sulh (réconciliation permanente), fondé sur la reconnaissance mutuelle, la justice et des concessions pragmatiques.
Cet article explore comment ces concepts islamiques, distincts des accords d'Abraham, pourraient ouvrir la voie à la paix avec le Liban, la Syrie, le Qatar et même l'Iran, tout en abordant la question palestinienne sous souveraineté israélienne.
Les termes « hudna » et « sulh » trouvent leur origine dans la tradition islamique et offrent un modèle pour la résolution des conflits :
Hudna (هُدْنَة) : cessez-le-feu temporaire, souvent tactique, sans engagement à long terme. Historiquement, il permet aux parties belligérantes de se regrouper, de négocier ou d'éviter la défaite. On peut citer comme exemple le traité de Hudaybiyyah (628 après J.-C.), qui n'a duré que deux ans avant d'être rompu. Les hudnas sont fragiles car ils ne reposent pas sur une reconnaissance mutuelle ni sur la résolution des différends fondamentaux.
Guerres, soulèvements et intifadas en Israël qui se sont terminés par une hudna :
Première intifada (1987-1993)
Elle a pris fin avec les accords d'Oslo (1993), bien qu'elle ne soit pas officiellement appelée « hudna », le Hamas et d'autres groupes ont parfois qualifié les cessez-le-feu de « hudna » en utilisant des termes islamiques.
Durée : le soulèvement lui-même a duré environ six ans, mais les trêves locales ont varié.
Deuxième Intifada (2000-2005)
Le Hamas et les factions ont déclaré des hudnas :
Juin 2003 Hudna (annoncée par le Hamas, le Jihad islamique et le Fatah)
Durée : 3 mois (officiellement), mais elle a échoué en raison de la poursuite des violences.
Guerre de Gaza de 2008-2009 (opération Plomb durci)
Elle s'est terminée par un cessez-le-feu unilatéral, mais le Hamas l'a par la suite qualifiée de hudna.
Durée : la trêve était instable et ponctuée de violations sporadiques.
Conflit de Gaza de 2012 (opération Pilier de défense)
S'est terminé par un cessez-le-feu négocié par l'Égypte, qualifié de hudna par le Hamas.
Durée : environ 1 an (jusqu'à la reprise des tensions).
Guerre de Gaza de 2014 (opération Bordure protectrice)
Cessez-le-feu négocié par l'Égypte, le Hamas acceptant une hudna à long terme.
Durée : la trêve a tenu environ quatre ans avant que des affrontements majeurs ne reprennent en 2018.
Sulh (صُلْح) : traité de paix contraignant et permanent fondé sur la justice et le compromis. Contrairement à une hudna, le sulh exige :
le consentement mutuel (sans coercition)
la reconnaissance de la souveraineté (par exemple, la reconnaissance d'Israël par l'Égypte en 1979)
Des conditions équitables (répondre aux griefs sans oppression).
Des mécanismes d'application (garanties d'une tierce partie).
Les accords d'Abraham (2020), bien que révolutionnaires, ne constituent pas un sulh. Ils ont normalisé les relations entre Israël et les États arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn), mais ont éludé les questions fondamentales telles que la création d'un État palestinien, ce qui les rapproche davantage d'une hudna, une pause pragmatique plutôt qu'une paix transformatrice.
Un sulh pour le Liban et la Syrie : mettre fin aux guerres par procuration
Liban : l'emprise du Hezbollah sur le pays l'a transformé en un proxy iranien, perpétuant le conflit avec Israël. Un sulh nécessiterait :
Le désarmement du Hezbollah en vertu de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, appliquée par l'OTAN ou les troupes de la coalition arabe.
La reconnaissance d'Israël par le Liban, avec des ajustements frontaliers (par exemple, le règlement du conflit des fermes de Chebaa).
Des incitations économiques : des accords d'exploration gazière en Méditerranée, soutenus par des investissements américains et européens.
Syrie : le régime actuel, dépendant de l'Iran et de la Russie, doit choisir entre une guerre perpétuelle ou la survie par la paix. Un « sulh » pourrait inclure :
La cession du plateau du Golan (qui faisait à l'origine partie de la Palestine juive) à Israël en échange de la normalisation des relations.
L'expulsion des forces iraniennes, avec la France comme garant.
Une aide à la reconstruction liée à la rupture des liens entre la Syrie et le Hamas et le Hezbollah.
Précédent historique : le traité de Lausanne (1923) montre comment une puissance vaincue (l'Empire ottoman) peut passer à la paix grâce à des concessions pragmatiques.
L'Iran et le Qatar : de sponsors du chaos à partenaires de la paix
Iran : le plus grand obstacle à la paix régionale est l'engagement idéologique de la République islamique à détruire Israël. Un accord de paix nécessiterait :
Un changement de régime ou un revirement idéologique, abandonnant la doctrine « Mort à Israël ».
Le désarmement nucléaire en échange d'un allègement des sanctions et d'une intégration dans l'économie mondiale.
La fin du soutien aux mandataires (Hamas, Hezbollah, Houthis), vérifiée par des observateurs de type AIEA.
Qatar : tout en accueillant les dirigeants du Hamas, le Qatar sert également de médiateur pour les cessez-le-feu. Un « sulh » nécessiterait :
La rupture des liens avec la branche militante du Hamas et la réaffectation des fonds à la société civile palestinienne.
L'adhésion aux accords d'Abraham et l'utilisation de son influence diplomatique pour une normalisation plus large.
Défi : le régime iranien n'acceptera peut-être la paix qu'après une défaite militaire décisive, comme les Ottomans lors de la Première Guerre mondiale.
La question palestinienne : une autonomie limitée avec autodétermination locale, mais pas un État
La Palestine n'a jamais été un État souverain, et l'échec des accords d'Oslo prouve qu'une création prématurée d'un État conduit au chaos. Au lieu de cela, Israël pourrait accorder une autonomie limitée aux Palestiniens qui :
Reconnaissent la légitimité d'Israël et ses frontières en vertu du mandat.
renoncent à la violence et démantèlent les infrastructures terroristes
acceptent le contrôle sécuritaire israélien (par exemple dans la vallée du Jourdain).
Modèle : l'approche des Émirats arabes unis, qui combine intégration économique (par exemple, zones industrielles en Cisjordanie) et mesures antiterroristes strictes.
En quoi Sulh diffère des accords d'Abraham
Aspect | Sulh (Paix permanente) | Accords d'Abraham (normalisation tactique) |
Durée | Permanente | Ad hoc, réversible |
Questions centrales | Résolution des problèmes de frontières, de réfugiés, etc. | Esquive les demandes palestiniennes |
Légitimité islamique | Nécessite l'approbation administrative. | Manque de soutien de la part des musulmans |
Application | Garanties de tiers (par exemple, aux États-Unis et en France) | Pas de mécanismes solides |
Les accords constituent un pas en avant, mais ils doivent évoluer vers une sulh en répondant aux griefs existentiels.
Conclusion : la voie à suivre
Pour que la sulh soit couronnée de succès, l'Occident et Israël doivent :
Vaincre militairement les mandataires de l'Iran (Gaza, Liban, Syrie).
Offrir des conditions équitables : contrôle du territoire, droits sur l'eau et autonomie locale pour les Palestiniens qui se conforment aux accords.
Obtenir l'adhésion du clergé : une fatwa d'Al-Azhar ou d'érudits saoudiens légitimant la paix.
L'alternative, à savoir des hudnas sans fin, ne fait que retarder la prochaine guerre. Une paix véritable exige du courage, des compromis et un engagement sans faille en faveur de la vision réparatrice du sulh : non seulement l'absence de guerre, mais aussi la guérison des blessures.

Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.