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Au cœur de la Samarie : l'histoire oubliée de Sébastia, de l'ancienne capitale à la colonie moderne

Ruines de la ville hérodienne de Sébastia

Nichée parmi les collines de Samarie se trouve une modeste ville musulmane portant un ancien nom romain : Sebastia. En son centre se dresse une église vieille de plusieurs siècles dédiée à Jean-Baptiste. En contrebas du village, une gare ferroviaire abandonnée, la gare de Sebastia, marque le lieu de naissance du mouvement moderne de colonisation juive en Samarie.

Comment tous ces fils s'entrelacent-ils ? En Terre d'Israël, ces différentes couches de l'histoire se rejoignent souvent en un seul et même lieu. Et pourtant, Sebastia recèle un autre secret, peut-être le plus important.

En général, peu de visiteurs se rendent dans cette ville tranquille. Mais un jour, pendant la dernière fête de Souccot, quelque 1 200 Israéliens sont venus visiter Sebastia. Qu'est-ce qui attire autant de monde dans cet endroit, et pourquoi seulement pendant Souccot ? Cet article tente de lever le voile sur cette histoire.

De la Bible à l'Empire romain

Notre voyage commence dans le Livre des Rois. Après la scission entre les royaumes d'Israël et de Juda, Israël n'avait pas encore trouvé de capitale permanente. Puis vint le roi Omri qui, selon 1 Rois 16:24, acheta une colline, y construisit une ville et la nomma Samarie (Shomron).

Bien que la Bible ne consacre que quelques versets à Omri, son fils Achab est tristement célèbre pour son règne tyrannique et pour avoir encouragé le culte de Baal sous l'influence de sa femme, Jézabel.

Pendant plus de 150 ans, Samarie fut la capitale du royaume du nord, plus grande et plus puissante que Jérusalem, tant sur le plan économique que militaire. Mais en 721 avant J.-C., les rois assyriens Salmanazar V et Sargon II conquirent et détruisirent la ville, exilant les dix tribus d'Israël.

C'est ainsi que prit fin le royaume d'Israël. Le nom Samarie cessa de désigner une ville et en vint à décrire toute la crête nord des hauts plateaux centraux, une signification qui perdure encore aujourd'hui.

Lions en ivoire provenant du palais des rois israélites à Shomron

La splendeur d'Hérode et la ville romaine

Des siècles plus tard, Hérode le Grand, souverain de Judée au Ier siècle avant J.-C., fit renaître les ruines. Connu pour ses grands projets architecturaux, notamment sur le mont du Temple, Hérode construisit deux villes en l'honneur de l'empereur Auguste : l'une sur la côte, Césarée, et l'autre à l'intérieur des terres, Sébastia, dérivée de la forme grecque du nom d'Auguste.

Utilisant les anciennes fortifications et la topographie naturelle, Hérode construisit une ville de style romain avec des rues bordées de colonnades, un marché, des temples et des lieux de divertissement, tels qu'un théâtre et un hippodrome.

Sébaste prospéra pendant la période byzantine, lorsque le christianisme devint la religion officielle de l'empire. La tradition voulait que le tombeau de Jean-Baptiste s'y trouve, et deux églises furent construites en son honneur.

Avec la conquête musulmane au VIIe siècle, la ville déclina. Un petit village arabe vit le jour sur ses vestiges, toujours connu sous son ancien nom romain de Sébastia.

Le théâtre de Sébastia, construit par Hérode

Le chemin de fer ottoman et la gare abandonnée

Avance rapide jusqu'au XIXe siècle. Sous la domination ottomane, de nouvelles lignes ferroviaires ont été construites à travers le pays. Une branche reliait la vallée de Jezréel à Naplouse, avec un arrêt près du petit village de Sébaste : la gare de Sebastia.

Pendant la Première Guerre mondiale, les Britanniques prirent le contrôle aux Ottomans et l'exploitation ferroviaire cessa. La gare fut abandonnée, mais elle allait plus tard jouer un rôle crucial dans l'histoire moderne d'Israël.

Le berceau du mouvement des colonies

Après la victoire d'Israël dans la guerre des Six Jours en 1967, l'armée israélienne s'empara de la Samarie, alors sous contrôle jordanien. Pendant plusieurs années, les gouvernements israéliens s'abstinrent d'établir des colonies, dans l'espoir d'un accord de paix qui permettrait de restituer les territoires.

Mais au début des années 1970, un groupe de juifs religieux a vu le retour en Samarie comme un signe de rédemption. Ils ont formé un mouvement appelé Gush Emunim.

En juillet 1974, des dizaines de familles sont arrivées à la gare de Sebastia, ont planté des tentes et ont déclaré leur intention de fonder une communauté juive. Le gouvernement, opposé à cette initiative non autorisée, a envoyé des soldats pour les évacuer. Les colons sont partis pacifiquement, mais sont revenus à plusieurs reprises.

À Hanoukka 1975, leur nombre était passé à deux mille. Le gouvernement a finalement cédé, leur accordant des terres à proximité pour une installation temporaire, qui allait devenir le noyau de la ville de Kedumim.

À partir de ce moment, et en particulier au cours des années 1980 et 1990, des dizaines de colonies juives ont vu le jour sur les collines de Samarie.

L'ancienne gare de Sebastia a marqué le début du mouvement moderne de colonisation.

Sebastia aujourd'hui : entre histoire et politique

En 1993, les accords d'Oslo ont divisé la Cisjordanie en zones sous contrôle israélien et sous contrôle de l'Autorité palestinienne. La ville de Sebastia est passée sous la juridiction de l'Autorité palestinienne. Depuis lors, les Israéliens n'ont plus le droit d'entrer dans les zones contrôlées par l'Autorité palestinienne pour des raisons de sécurité.

En conséquence, Sebastia, qui occupait autrefois une place centrale dans l'histoire ancienne et moderne d'Israël, a disparu de la conscience publique. Ce n'est que pendant les fêtes juives telles que Souccot et Pessah (Pâque) que les visiteurs israéliens reviennent brièvement, lorsque l'armée israélienne autorise l'accès pendant quelques jours. Ils viennent explorer les vestiges archéologiques de l'époque d'Hérode et du roi Achab.

Un joyau historique oublié

L'histoire de Sebastia mêle héritage biblique, grandeur romaine et tensions politiques modernes. C'est un lieu où convergent les différentes couches du passé d'Israël, mais qui reste largement caché au regard du public.

Il s'agit en substance de l'histoire d'un site historique et archéologique extraordinaire, pierre angulaire du patrimoine de la région, laissé dans l'ombre en raison de contraintes politiques et sécuritaires.

Des Israéliens visitent le site de l'ancien village de Sebastia, près de la ville de Naplouse en Cisjordanie, le 22 avril 2019, pendant la fête juive de Souccot. L'ancienne ville de Sébaste est l'un des plus grands sites archéologiques de Terre Sainte. Elle attire depuis des siècles touristes et pèlerins grâce à ses couches historiques superposées qui remontent à 3 000 ans. Photo de Hillel Maeir/Flash90

Ran Silberman est un guide touristique certifié en Israël, avec une expérience de plusieurs années dans l'industrie israélienne des hautes technologies. Il aime guider les visiteurs qui croient au Dieu d'Israël et veulent suivre ses traces dans le pays de la Bible. Ran aime aussi enseigner la nature israélienne dont parle la Bible.

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