Repenser la reconnaissance de la Palestine : les réalités juridiques et historiques des territoires disputés
Alors que de plus en plus de pays occidentaux envisagent de reconnaître un État palestinien, les faits historiques et juridiques révèlent une réalité bien plus complexe, une histoire qui commence bien avant 1967

Depuis le 7 octobre 2023, une dynamique s’est installée dans plusieurs pays occidentaux, notamment en France, au Canada, en Grande-Bretagne et en Australie , en faveur d’une reconnaissance unilatérale d’un État palestinien. Pour beaucoup, il s’agirait d’un pas vers la paix et d’une réponse à une « occupation » supposée commencée en 1967. Pourtant, cette vision simplifiée ignore souvent des faits historiques, archéologiques et juridiques essentiels.
Le conflit israélo-palestinien ne peut être réduit à des slogans. Pour le comprendre, il faut revenir à l’histoire et à la réalité du terrain. Car, contrairement à une idée répandue, la « Palestine » n’a jamais existé comme État souverain indépendant. Au fil des siècles, la région a été dominée tour à tour par les empires romain, byzantin, islamique, croisé, ottoman et britannique. Aucun gouvernement, monnaie ou dynastie palestinienne n’a jamais été recensé avant le XXᵉ siècle. Et aucune autre nation, hormis Israël, n’a jamais fait de Jérusalem sa capitale.
À l’inverse, la présence juive et sa souveraineté dans cette région sont attestées par des sources bibliques et extrabibliques, ainsi que par des archives assyriennes, babyloniennes et romaines. L’archéologie confirme cette continuité : la stèle de Tel Dan mentionnant la « Maison de David », les fouilles de la Cité de David à Jérusalem ou encore les manuscrits de la mer Morte témoignent d’une civilisation organisée, avec institutions et lois, bien avant l’avènement de l’islam ou du nationalisme arabe.
Les populations arabes ont elles aussi une longue histoire dans la région, mais aucun élément archéologique ne prouve l’existence d’un pouvoir politique palestinien distinct avant l’époque moderne. L’identité palestinienne, telle qu’on la connaît aujourd’hui, s’est surtout formée au XXᵉ siècle, dans le contexte du déclin des empires coloniaux et de la montée du sionisme.
Le mot « Palestine », lui, remonte à l’Antiquité. Après la révolte de Bar Kokhba en l’an 135 de notre ère, l’empereur romain Hadrien rebaptisa la province de Judée « Syria Palaestina » , en référence aux anciens Philistins, un peuple d’origine égéenne établi sur la côte. Ce choix visait à effacer symboliquement le lien juif avec la terre. Par la suite, le nom « Palestine » resta surtout un terme géographique, sans signification politique. Sous l’Empire ottoman, la région était divisée en districts et provinces administratifs ; jamais il n’exista de province unifiée nommée « Palestine ».
C’est sous le mandat britannique (1917–1948) que ce nom prit une valeur administrative officielle. Les Britanniques l’utilisaient pour désigner un territoire abritant Juifs, chrétiens et musulmans, sans implication d’un État indépendant.
Sur le plan juridique, le mandat de la « Société des Nations pour la Palestine » (1922) reconnaissait « le lien historique du peuple juif avec la Palestine » et appelait à y établir un foyer national juif. Après la guerre de 1948, la Jordanie occupa et annexa la Cisjordanie, une décision reconnue par très peu de pays et dépourvue de base légale internationale. Lorsque Israël prit ce territoire en 1967, il ne s’agissait donc pas d’une conquête d’un État palestinien reconnu, mais de la fin d’une occupation jordanienne non légitime.
Les accords d’Oslo dans les années 1990 ont ensuite permis la mise en place d’une Autorité palestinienne sur certaines zones de Cisjordanie, tout en laissant les frontières finales à définir. Selon le droit international, ces territoires restent donc disputés, et non « occupés » au sens strict du terme.
Aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, la complexité historique et juridique est souvent réduite à des mèmes et des indignations. Le lien millénaire entre le peuple juif et la terre d’Israël, solidement documenté par l’histoire et l’archéologie, est qualifié à tort de « colonialisme », tandis que l’identité palestinienne est projetée rétroactivement dans le passé.
Il ne s’agit pas de nier les aspirations légitimes des Palestiniens, mais de replacer le débat dans sa juste perspective. L’histoire montre qu’aucun État palestinien n’a existé avant le XXᵉ siècle, alors que la présence juive est l’une des mieux attestées de l’histoire humaine.
La question de la reconnaissance d’un État palestinien mérite donc d’être examinée à la lumière du droit et des faits, plutôt qu’à travers des slogans politiques. Les pierres de Jérusalem, les manuscrits de Qumrân et les archives de l’histoire nous rappellent une vérité simple :
La souveraineté ne se décrète pas : elle naît de la persistance d’un peuple sur sa terre, de la mémoire que les pierres n’ont jamais oubliée et de l’alliance entre ce peuple et la terre que Dieu lui a donnée.

Micaël Carter vit en Israël avec son épouse et leurs trois filles, après avoir fait son alyah depuis la France en 2017. Il dirige Multiply Equip Impact, est impliqué dans le ministère et travaille dans les médias, tout en écrivant sur Israël, la foi et la région.